Il y a, pour un-e écrivain-e, deux façons d’exercer son pouvoir symbolique. La première consiste à s’engager pour la défense d’une cause, à l’instar de Voltaire, Zola ou Sartre. Se faisant prophète, l’écrivain-e met alors son autorité charismatique au service de cette cause, sans nécessairement l’inscrire dans son œuvre. L’exemple de l’engagement de Zola dans l’affaire Dreyfus montre que les écrivain-e-s, les intellectuel-le-s ont le pouvoir de faire triompher la vérité et la justice. Mais cette forme d’engagement, encore prégnante dans les pays arabes, par exemple, a connu un relatif déclin en France depuis les années 70, sous l’effet de la montée de l’expertise notamment. L’écrivain-e n’a pas perdu pour autant toute autorité sociale. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter les questions qui lui sont posées lors des rencontres avec son public, des questions qui ont trait à la politique, aux rapports humains et sociaux, à la vie et à la mort.
Ces attentes concernent aussi la littérature. Loin de se réduire à un divertissement, la littérature est une forme de connaissance pratique, comme l’explique le philosophe Jacques Bouveresse. Le pouvoir symbolique de l’écrivain s’exerce, sous cette deuxième forme, à travers son œuvre. La littérature peut soit répliquer les formes de connaissance existantes, les incarner, les illustrer ; soit les interroger, les relativiser, les contester. Elle peut conforter ou questionner les valeurs et les croyances d’une société. Elle a ainsi le po