La France est un Etat de droit ou tout au moins se revendique-t-elle ainsi. Chacun s’y trouve donc soumis au respect du droit dans un système fondé sur la séparation des pouvoirs. L’article 64 de notre Constitution donne au président de la République le rôle de garant de l’indépendance de la justice et consacre l’inamovibilité des magistrats du siège. Pourtant, la mise en œuvre de ces principes a connu récemment des fortunes diverses.
Si, dans les années 90, les juges se sont illustrés dans le traitement d’affaires politico-
financières, dix ans plus tard, le gouvernement, sans doute échaudé par ce qu’il a considéré comme des manifestations intempestives d’indépendance, a inversé la tendance, n’ayant de cesse de reprendre la justice en main.
En 2009, Rachida Dati, alors garde des Sceaux, déclarait : «L'indépendance de la justice n'est pas un dogme, elle se mérite.» Dans la droite ligne de cette prise de position, le pouvoir exécutif a mis tout en œuvre pour contrôler le déroulement des affaires sensibles. Au parquet d'abord, qui en France est à la fois puissant et soumis, où tout est verrouillé, de la nomination des procureurs aux instructions données dans les affaires individuelles.
Au siège ensuite, où le principe du juge naturel est constamment bafoué par une hiérarchie qui n’hésite pas à priver de ses fonctions un juge dont les décisions déplaisent. Et, partout, un management autoritaire, fondé sur la pression statistique et le rendement au mépris de la qualité des