La France est une terre de paradoxes. C’est un pays de grande culture, riche d’un patrimoine exceptionnel. Mais aussi des plus grands urbanistes, et architectes, avec deux Prix Pritzker vivants et des œuvres «made in France architecture», présentes partout dans le monde.
Pourtant, notre pays gâche ses paysages, ses entrées de villes et ses banlieues avec une constance déconcertante. Au premier rang des responsables se trouve notre exceptionnelle lenteur à produire des objets urbains «structurants», susceptibles de transformer la cité. Cette lenteur, elle-même issue de notre complexité administrative et d’un enchevêtrement de responsabilités, finit par favoriser l’anarchie des initiatives, le médiocre et le laid, au détriment du beau et du réfléchi. Car, et c’est le comble, l’ouvrage de modeste ambition, sans intérêt architectural et souvent placé là au hasard, est beaucoup plus facile et rapide à construire que l’objet d’envergure, qui concentrera les attentions administratives les plus tatillonnes et motivera, par sa visibilité médiatique, les spécialistes du recours judiciaire.
Pour s’en convaincre, il suffit de songer qu’en 2012, nous célébrons un curieux anniversaire. Celui du naufrage urbain de l’île Seguin (Hauts-de-Seine), en friche depuis vingt ans. Quant à la gare d’Auteuil, elle n’entend plus siffler les trains depuis 1985. Les exemples sont multiples où le rendez-vous avec l’audace urbanistique est repoussé aux calendes grecques.
A l’heure où le temps nous est compté