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Libération
Récit

«Mais enfin, Monsieur, ce n’est pas rien Al-Qaeda !»

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Le procès d’Adlène Hicheur, un chercheur de 35 ans qui a correspondu par mails avec un responsable présumé d’Aqmi, s’est ouvert hier à Paris.
publié le 30 mars 2012 à 0h00

Un bon avocat sait capter les quelques secondes où son client perd pied, même sans s'en rendre compte. Alors Me Patrick Baudoin, jusque-là immobile, s'est levé, hier vers 17 heures. Adlène Hicheur, qu'il défend, venait de s'expliquer sur la trentaine de mails qui l'ont renvoyé devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste».

Des échanges sous pseudo, pendant le premier semestre 2009, avec Mustapha Debchi, un Algérien d'abord membre du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), puis d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) après sa création, en 2007. Des discussions virtuelles sur des forums au cours desquelles, notamment, Adlène Hicheur a désigné, selon l'accusation, le 27e bataillon de chasseurs alpins d'Annecy comme une cible possible d'attentat.

Brillant. Lorsque Patrick Baudoin s'est levé, les explications n'avaient pas été très convaincantes, notamment sur la forme. Agé de 35 ans, physicien au Centre européen de recherche nucléaire (Cern) de Genève, Adlène Hicheur est un homme brillant, qui n'a aligné que des mentions «très bien» de la licence jusqu'à son doctorat de physique nucléaire, en 2003. Mais convaincre un tribunal de son innocence est un exercice si différent. Et, comme parfois dans le cas des prévenus brillants, Adlène Hicheur a semblé penser que ses certitudes étaient si fortes qu'elles deviendrai