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Libération
Éditorial

Pouvoirs locaux

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publié le 30 mars 2012 à 0h00

Quand on évoque le «pouvoir» en France, on pense instinctivement à l’Etat, au gouvernement et à Paris avec en toile de fond le drapeau tricolore flottant sur l’Elysée. Inévitable héritage d’une France régalienne, centralisée et colbertiste qui longtemps en a concentré tous les leviers à l’échelon national, étouffant toute affirmation d’un pouvoir plus local et plus proche du terrain. Pourtant, trente ans après les premières lois de décentralisation, le partage du pouvoir en France est bien devenu une réalité. Les 40 000 collectivités territoriales représentent 1,9 million d’emplois aujourd’hui contre 1,1 million en 1988 et pèsent 20% de la dépense publique - et 10% de la dette. De l’éducation aux transports en passant par l’aide aux personnes âgées, la formation professionnelle ou le développement durable, des pans entiers de l’action publique ont été transférés avec leurs effectifs à ces nouveaux pouvoirs locaux sur lesquels pèsent des charges et responsabilités toujours plus grandes. A eux seuls, ils assurent déjà 70 % de l’investissement public et sont devenus des acteurs économiques à part entière en investissant directement dans les entreprises et le tissu économique. Pas de valorisation des territoires et de leurs précieux savoir-faire sans eux, pas de croissance, d’emploi et de «Made in France» sans leur soutien actif. Aujourd’hui que l’heure est à la rigueur et au désendettement, le danger pour les élus de tous bords est de voir l’Etat se désengager avec des collecti