Combien de fois ai-je entendu au Parlement européen et dans les médias que les agences de notation n’étaient qu’un simple thermomètre ? La réalité est qu’elles ne mesurent pas seulement la fièvre mais posent des diagnostics et font des préconisations de politiques publiques, comme libéraliser le marché du travail, pour traiter la maladie qu’elles ont diagnostiquée. Ce sont donc bien des médecins et non des thermomètres.
Or, l’histoire récente est truffée d’exemples dans lesquels les agences ont porté un diagnostic erroné : les produits subprimes étaient notés AAA, alors qu’ils se sont révélés les plus toxiques possibles. Et quelques semaines avant leurs faillites respectives, la banque Lehman Brothers et l’Islande étaient également notées AAA. Et je n’ai pas non plus beaucoup entendu ni Standard & Poor’s ni Moody’s alerter, à l’époque, sur la bulle immobilière en Espagne qui plonge aujourd’hui ce pays dans les pires difficultés. Personnellement je me passerais des analyses d’un médecin aussi peu fiable.
Mais aujourd’hui, en l’état actuel du droit européen, il n’est justement pas possible de s’en passer. Plusieurs directives, adoptées au début des années 2000, obligent les banques et tous ceux qui gèrent des fonds d’investissement à tenir compte des notes des agences. Autrement dit, ce sont les responsables politiques de l’époque qui leur ont donné ce rôle central.
C’est pourquoi l’une des priorités de la nouvelle loi européenne, dont je suis l’un des négociateurs, est de sortir