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TRIBUNE

Comment faire vivre la Nation aujourd’hui ?

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par Renaud Courbion
publié le 3 avril 2012 à 0h00

Je suis militaire au sein d’une armée de volontaires au service de mon pays. Je ne suis pas issu du service national. Je ne l’ai jamais vécu, je ne le regrette pas et je ne remets pas en cause sa suspension. Néanmoins, aujourd’hui, il apparaît comme le dernier souvenir d’une époque oubliée où la Nation, par l’obligation de servir sous les armes, était encore une expérience vécue. Comment, dans une société contemporaine dominée par le fait financier, où la devise semble être «Dis moi combien tu gagnes… je te dirai qui tu es !», peut-on encore transmettre l’idée de ce qu’est la Nation et surtout la faire vivre ?

La disparition du service national a laissé un énorme vide dans les liens qui unissent l’Etat à ses citoyens-individus. Quinze ans après sa suspension, une génération entière de jeunes Français n’a pas vécu ce devoir contraignant de «service à la Nation». Dans le même temps, la mondialisation et l’explosion des moyens de communication ont encore davantage fragilisé ces liens, brisant le carcan des frontières physiques.

Alors pourquoi être citoyen français aujourd’hui et non citoyen du monde ? Pourquoi un jeune de 18 ans n’aurait-il d’ailleurs pas le droit de remettre en cause l’existence même de cette Nation désincarnée puisqu’il ne la vit jamais ? Quand y a-t-il un brassage des diversités s’il n’y a pas de rendez-vous pour le provoquer ? Finalement, est-ce une chance ou simplement une contrainte de vivre sous un concept de Nation à l’heure du «village planétaire» ?

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