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Libération
Interview

«Impossible d’amortir les tuiles»

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publié le 3 avril 2012 à 0h00

«Je me suis mariée en 2002 avec un Australien dont j’ai eu un fils en 2004. J’ai divorcé quatre ans plus tard. Depuis, j’élève seule mon fils au quotidien. Financièrement, je n’oserais pas me plaindre : je gagne environ 2 500 euros par mois, j’ai 500 euros de pension alimentaire. Et même si j’ai 1 000 euros de remboursements de crédit immobilier par mois et si mes frais de baby-sitter peuvent atteindre 500 euros mensuels, je m’en sors. Mes - vrais - problèmes sont autres : je n’ai pas de famille. Ma principale angoisse, c’est : si je fais une crise cardiaque, qui va aller chercher mon fils ? Pour le reste, je gère, c’est le cas de beaucoup de mères, mais je ne peux pas amortir les tuiles. Mon fils sait qu’il lui est formellement interdit de tomber malade. Une fois, il a eu 40 de fièvre. J’en ai pleuré. J’étais en montage de film, la nuit. La panique. Je suis intermittente, je peux difficilement refuser des boulots. Toutes les semaines, je me demande comment je vais m’organiser. C’est quasi impossible de trouver une baby-sitter pour la nuit qui vous amène le petit à l’école le lendemain. Et la France n’offre pas de structure qui garde les enfants la nuit. J’ai développé tout un système d’entraide avec des copains. La contrepartie, c’est que je peux me retrouver à garder douze gosses un dimanche. J’avoue, j’envie les femmes qui sont en garde alternée. Bizarrement, je suis la seule monoparentale de mon école. Dans mon quartier de bobo, un seul couple de l’école m’invite. On ne