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Libération

«Ma règle : le loyer d’abord»

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publié le 3 avril 2012 à 0h00

«Dans le quartier [les Francs-Moisins, à Saint-Denis, ndlr], les mères seules comme moi sont très nombreuses et dans une situation très dure. Nous devons souvent choisir entre payer le loyer, se nourrir ou se soigner. Quand on se tourne vers des structures d'aides alimentaires, avec la honte, on s'entend parfois répondre qu'on gagne trop. C'est ce qui m'est arrivé.

«Depuis que j’ai perdu mon travail d’agent de service l’an dernier, je ne m’en sors pas. Pourtant, il n’y a pas beaucoup de différence. Avant, je touchais 1 200 euros de salaire, maintenant je touche 998 euros de chômage. Mais ça coince. Ma règle, c’est de payer d’abord les 581 euros de loyer. Avec les aides, ça ne me fait que 320 de ma poche. J’ai vu trop de gens autour de moi arrêter de payer et se retrouver à la rue. Après, il y a l’EDF (75 euros) et Internet (40 euros) parce qu’avec des adolescents, je n’avais pas le choix. Et puis, faut l’avouer, j’ai aussi le truc des pauvres : le crédit à la consommation (120 euros par mois). A la fin, il ne me reste pas grand-chose.

«La pension alimentaire ? Mon ex est au chômage, il n’a même pas son propre logement, je ne me vois pas lui demander quoi que ce soit. C’est dur d’expliquer aux enfants qu’il faut se priver. Là, par exemple, les deux grands sont trop âgés pour qu’on ait les "bons vacances" de la CAF. J’ai peur de ne jamais retrouver de vrai travail. Je fais partie des gens dont plus personne ne veut. A Pôle Emploi, on ne me propose que des heures de ména