Il était 12 h 30 hier quand une dizaine de policiers ont forcé la porte en verre du 17, rue Duhesme, dans le XVIIIe arrondissement parisien, et évacué dans le calme ses occupants. L'immeuble, une ancienne clinique sur cinq étages, laissée à l'abandon depuis 2009, était occupé depuis trois jours par des membres du collectif Jeudi noir et de l'association Droit au logement (DAL), qui réclament l'application du droit de réquisition. Samedi soir, ils avaient accueilli quatre familles, dont six enfants. Celles-ci, toutes reconnues prioritaires du droit au logement opposable (Dalo), sont en attente d'un logement depuis un bon moment.
Matelas. C'est le cas d'Ogema. Il est une heure du matin, hier, adossé au mur craquelé, cet homme de 49 ans d'origine malienne raconte : «Cela fait trois ans que la mairie nous promet un logement. Pourtant, depuis 2005, nous sommes toujours hébergés par les mêmes amis.» Ils vivent à neuf dans un trois-pièces avec les enfants, «ce n'est plus vivable», poursuit-il, fatigué.
Debout près d'un matelas au sol, Jean, 53 ans, barbichette et casquette délavée, expulsé de son logement il y a un an, est à la rue. «Je me débrouille en allant dormir à droite à gauche, mais j'ai du mal à trouver mon équilibre. Ça me hante chaque soir. Comment faire face à un employeur quand on n'a aucune adresse fixe à lui communiquer ?»
La nuit de samedi, une dizaine de militants ont veillé. Assis par terre, ils partagent pain, c