Il y a plusieurs Tariq Ramadan. L'intellectuel helvético-égyptien de 49 ans, hâlé, barbu de quelques jours, qui pénètre dans le salon VIP du rassemblement de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), samedi au Bourget (Seine-Saint-Denis), porte une veste de cuir marron, sur une chemise bleue. Le passeur de micro le présente comme «la cerise» sur le gâteau, «la sommité» , le «controversé», rires. Voilà donc un Ramadan policé, qui parle doucement, devant un parterre de mûrs dignitaires, regrettant que «la perception de l'islam soit négative» et conseillant aux politiques «de ne pas en rajouter dans la surenchère».
Celui-là est loin du tribun, dynamique chauffeur de salle, qui parle ensuite plus vite, plus fort, intercalant des mots d'arabe dans son argumentaire français, ponctuant de «Incha'Allah !» ses phrases, devant des jeunes musulmans, sous un petit chapiteau démontable exigu et bondé. Celui-là exhorte ses jeunes pairs à prendre leur «avenir en main», à ne pas se laisser «marcher dessus», à faire valoir leur voix et se saisir de leur destin.
Dans une troisième phase, le Ramadan «prédicateur-homme politique» se paie le luxe de demander à son auditoire, 10 000 personnes acquises à sa cause, de ne pas applaudir (l'assistance rit). Il dit son fait aux membres du gouvernement qui l'ont jugé malvenu en France. L'Helvético-Egyptien donne malignement le coup de pied de l'âne aux Guéant et autres Sarkozy qu'il met d