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Libération
Interview

«Très peu de Français ont été courageux. Les Aubrac le furent»

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Ex-secrétaire de Jean Moulin, Daniel Cordier a souvent côtoyé le résistant :
publié le 11 avril 2012 à 22h36

Daniel Cordier, ex-secrétaire de Jean Moulin, raconte comment il a rencontré Raymond Aubrac. S’il ne cache pas ses différends, Cordier salue un homme résolu.

«Raymond Aubrac fut un des premiers résistants. Et nous ne sommes plus très nombreux aujourd’hui. Quand je dis "nous", j’ai tort car je ne suis pas un résistant mais un Français libre. Ce qui n’est pas la même chose. Les Français libres étaient ceux qui, à partir de juin 1940, se sont rendus en Angleterre et se sont engagés sous l’autorité du général de Gaulle. Comment et quand ai-je connu Aubrac ? Après mes deux ans d’entraînement militaire en Angleterre, je suis arrivé en France, où la première personne que j’ai vue était Jean Moulin. C’était le patron de la Résistance. Je suis devenu son secrétaire et j’ai pris contact avec les chefs des mouvements de résistance. C’est ainsi que j’ai rencontré Aubrac.

«Raymond Aubrac a cette particularité de figurer parmi les tout premiers résistants et c’est fondamental de le signaler, car ça le distingue de la masse de ceux qui se sont organisés deux ou trois ans plus tard à partir de Londres, emmenés par Jean Moulin. Aubrac est un personnage majeur car il est un pionnier. Ces premiers résistants n’avaient aucun moyen, ne recevaient d’argent de personne. C’est le parachutage en France de Jean Moulin, en juin 1942, qui a changé la suite des événements. Raymond Aubrac reste un homme de l’Histoire qui appartient à l’Histoire, et, aujourd’hui, il faut le saluer avant tout comme un homme