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Libération

A Zarzis, des retours au pays amers et l’ailleurs en tête

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La cité tunisienne a été un lieu d’émigration après la chute de Ben Ali.
publié le 12 avril 2012 à 22h36

«Vous voulez voir le chameau magique?» Au souk de Zarzis, Borane tente d'attirer le touriste dans les boutiques, espérant fourguer ses poteries en forme de dromadaires pour toucher 10% de commission. Borane, 28 ans, est rabatteur. A son retour de France, il y a quatre mois, il a repris cet emploi quitté début 2011. «Mais il n'y a pas de touristes. Seuls cinq des huit hôtels sont ouverts et pas très remplis. Je gagne 5 dinars par jour, même pas», soit 2,5 euros. Borane est parti le 17 janvier, trois jours après la chute de Ben Ali. Il était dans les premiers. En quelques semaines, profitant du vide sécuritaire, 22 000 à 30 000 Tunisiens ont embarqué pour la France, via Lampedusa. Zarzis était l'un des principaux points de départ. Un an plus tard, une petite partie est de retour. Sans travail ni logement, sans soutien familial : l'aventure a tourné court. «C'est la vie. La France, j'en rêve depuis mes quinze ans. Au moins, on l'a vue, on a essayé», sourit Borane, dont la mère a vendu ses bijoux pour financer les 2 000 dinars (1 000 euros) du voyage. De retour au bercail, Borane est soulagé : «Au moins, je sais que le soir, je vais manger et dormir au chaud.»

«Trop dur». En huit mois à Paris, il n'a pas travaillé un seul jour. Il a squatté, dormi dehors, vécu chez son frère, précaire lui aussi. Il a fini par accepter le «départ volontaire» proposé par l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) : 300