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interview

«L'utopie en soi n'intéressait pas Aubrac, il était très concret»

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Raymond Aubrac (ici en 2009). (Photo Joël Saget. AFP)
publié le 12 avril 2012 à 12h21

C'est à un artiste plasticien que Raymond Aubrac, décédé mardi, s'est confié ces dernières années. Pascal Convert a recueilli, mois après mois, les confidences de l'ancien résistant. Il en a tiré une biographie, Raymond Aubrac, résister, reconstruire, transmettre (Seuil, 2010), et un film documentaire, Raymond Aubrac, les années de guerre, qui sera rediffusé ce jeudi soir sur France 2.

Quand avez-vous vu Raymond Aubrac pour la dernière fois ?

Il y a six jours. Il était toujours aussi vif d'esprit, bien que fatigué. On savait tous les deux que c'était une des dernières fois que l'on se voyait. On a beaucoup discuté de la Résistance, de l'actualité. Sa philosophie, c'était : «Quand il n'est pas temps, il n'est pas temps», et «quand il est temps, il est temps». Il voulait mener à bien tout ce qu'il pouvait. Dernièrement, il suivait son grand chemin des écoles, comme toujours depuis le décès de Lucie. Il aimait beaucoup pouvoir rencontrer des tas de jeunes. Il s'est aussi rendu dans des prisons, à Fleury-Mérogis notamment. Ça l'avait beaucoup marqué. Les prisonniers ne l'interrogeaient d'ailleurs jamais sur son évasion, ça le faisait beaucoup rire. Il faut imaginer un monsieur de 97 ans qui se rend au quartier de sécurité de Fleury,  c'est physique. Raymond était un combattant moral.

A quand remonte votre rencontre avec Raymond Aubrac ? Comment en êtes-vous venu à recueillir son témoignage ?

J'ai réalisé la sculpture d'hommage aux fusillés du Mont-Valérien. C'est là que j'ai rencontré Lucie pour la première fois. Lors de notre deuxième re