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Libération
Reportage

Elections, piège à bonbons

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Une présidentielle pour écoliers : une maternelle marseillaise innove dans l’instruction civique.
publié le 17 avril 2012 à 20h36
(mis à jour le 17 avril 2012 à 20h36)

Devant ses copains, Sira se lève, murmure d'une voix timide : «Votez pour moi pour avoir plus de pâtes à la cantine, plus de récréations, plus de fleurs dans la cour.» Ils applaudissent, puis Jaspe lui succède. Mains dans les poches de son survêtement, il propose une piscine au milieu de la cour. Ils ont 5 ans, se présentent pour devenir président de leur classe, à l'école maternelle Extérieur de Saint-Mauront, l'un des quartiers les plus pauvres de Marseille (Bouches-du-Rhône). La maîtresse, Sandra, directrice de l'école, a organisé le scrutin sérieusement. La plupart des parents de ses élèves ne votant pas, elle a expliqué en détail les 500 signatures, la carte d'électeur, les programmes, l'isoloir, l'urne… Sept candidats se sont déclarés. Il y a de l'excitation, les paroles fusent. Et quelques-uns des enjeux de l'autre présidentielle, celle de dimanche prochain, affleurent.

«Intégration» . La maîtresse a préparé des petites cartes d'électeur plastifiées et des cartes d'identité. Tandis qu'elle explique le vote, un enfant se lève tout le temps, court dans la classe, se rassoit, fait un câlin, se relève… Mohamed devrait être en institut médical éducatif, mais il n'y a pas de place, alors l'école le prend en «intégration». Une auxiliaire de vie sociale (AVS) l'accompagne, mais seulement douze heures par semaine. Le reste du temps, la maîtresse gère la classe plus cet enfant victime d'un retard important.

On vote ensuite, dans un local un peu sinistre