Ce jour-là, le député UMP Jean-Paul Garraud monte à la tribune de l'Assemblée : «Nous sommes les représentants du peuple souverain et nous ne pouvons débattre !» C'était en 2011 et le Parlement français votait en catastrophe un texte fondamental : la réforme de la garde à vue, qui renforçait le rôle de l'avocat, largement impulsée par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). «Du jamais-vu», dit encore aujourd'hui Jean-Paul Garraud, membre de la droite populaire, courant droitiste de l'UMP. «La CEDH est d'inspiration anglo-saxonne, reprend Sébastien Huygues, vice-président UMP de la commission des lois à l'Assemblée. Je regrette qu'elle ne prenne pas en considération le fonctionnement des institutions françaises.» L'Europe a bon dos. Ce sont en réalité le Conseil constitutionnel français et la Cour de cassation qui ont imposé aux députés le vote d'une loi dans l'urgence. Mais la CEDH, en condamnant plusieurs fois l'Hexagone, a été un aiguillon essentiel pour réformer la garde à vue.
Fouille à nu. La France ne s'est pas clairement positionnée dans le bras de fer qui oppose la Cour aux Britanniques, mais le Quai d'Orsay souhaite «renforcer la responsabilité des Etats au travers de la mise en œuvre à un niveau national de la convention européenne des droits de l'homme», ce qui la rapproche des seconds. «La Cour pointe des problèmes structurels de la justice française bien connus : longueur de la détention p