Monsieur le garde des Sceaux (Michel Mercier, ministre de la Justice, ndlr),
Pendant tout le week-end, nos concitoyens ont pu suivre, pour ainsi dire en direct, les derniers développements de l'affaire dite des «meurtres de l'Essonne», grâce à des informations apparemment très précises en provenance officielle de «la place Beauvau». Le prénom et l'initiale du nom de l'un des suspects – «très sérieux» selon le ministère de l'Intérieur, qui semble avoir sa propre typologie pénale – ont largement circulé, de même que les éléments qui auraient permis son identification, ou encore les indices qui auraient été découverts ou non lors des perquisitions opérées dans des lieux connus des médias, dont on a d'ailleurs pu voir des images à la télévision.
Les deux juges d'instruction en charge de ce dossier ont même été informés après la presse de l'interpellation effective du premier suspect, et des journalistes ont eu connaissance d'éléments précis concernant des actes d'enquête à venir… A l'évidence, de telles fuites constituent autant de violations du secret de l'instruction – au stade où celui-ci a le plus de sens, coïncidant avec la confidentialité élémentaire qui s'attache à n'importe quel début d'enquête pénale, c'est-à-dire avant toute éventuelle mise en cause officielle, lorsque des investigations cruciales sont en cours de réalisation et alors que la présomption d'innocence est la plus menacée. Et, de fait, des magistrats du tribunal d'Evry et des enquêteurs de la police