Si Nicolas Sarkozy a largement contribué à mettre à genoux le système de santé français, la destruction de la sécurité sociale solidaire avait été largement entamée par ses prédécesseurs.
Dès 2004, Jacques Chirac avait nommé à la tête de l’Assurance maladie Frédéric Van Roekeghem, ancien directeur à l’audit du groupe AXA. Ayant tout pouvoir, ce proconsul s’entoura de zélotes libéraux qui, sous couvert de «sauver la Sécu», la métamorphosèrent en utilisant le management du privé : fermetures de centres, transfert non rémunéré de la saisie des feuilles de soins aux soignants, primes d’intéressement des médecins conseils, falsification des chiffres d’arrêts de travail injustifiés.
Dès 2005, au ministère de la Santé, agissant en back-office de Philippe Douste-Blazy, Xavier Bertrand, ancien assureur chez AXA, organisait entre les syndicats médicaux les plus réactionnaires et l’Assurance maladie new-look une convention surchargeant les généralistes de travail administratif sans même leur octroyer les moyens de payer un secrétariat, désespérant leur relève éventuelle, hâtant leur disparition. En échange d’un «parcours de soins» transformé en labyrinthe tarifaire, ces syndicalistes obtenaient l’élargissement des dépassements d’honoraires des spécialistes et la mise à mort de l’option référent, seule avancée financière et conceptuelle de la médecine générale en vingt ans.
Dans le même temps, à l'hôpital, se mettait en place, au nom de la culture du chiffre, la tarification à l'activité.