Participer au séminaire demande aux prisonniers de Nanterre un engagement sur la durée, le respect des horaires comme des règles d'assiduité. «Si ça n'est pas de la lutte contre la récidive, ça y ressemble fortement», estime la directrice de la maison d'arrêt, Christelle Rotach. «Un jour, j'ai reçu la lettre d'un avocat, raconte Pierrette Poncela, directrice du master en droit pénal à la fac. Il m'écrivait que ce cours avait changé le regard de son client sur l'acte qu'il avait commis.» L'administration pénitentiaire a autorisé Libé à parler à deux détenus. Agés de 34 et 38 ans, tous deux sont condamnés. Un surveillant était présent lors du cours (ce qui n'est pas le cas d'habitude) et de l'entretien. Ce qui amusait les deux apprentis criminologues : «On ne peut pas tout vous dire, il y a le chef derrière… Ça va, lui, il est sympa.» Ils sont bacheliers, «triés sur le volet», dit «le chef». Les détenus rigolent fièrement : «Vous avez la crème de la crème…» Verbatim anonyme à deux voix.
«On cherche toujours une activité pour s'occuper l'esprit, pour ne pas régresser dans la latence. Faire venir l'extérieur en prison, ça nous permet de découvrir des visions différentes des nôtres. C'est marrant : on sait bien que ces jeunes veulent être magistrats, policiers, avocats… On sait aussi que toute personne a la curiosité de voir des délinquants… A ce niveau-là, on les a un peu déçus !
«On ne peut pas dire que les discu