Des jeunes partant en apprentissage dès 14 ans et demi, des élèves de quatrième en alternance, des classes de troisième devenues des prépas professionnelles… Deux décrets, publiés le 17 février et le 26 avril au Journal officiel, portent un nouveau coup au collège unique et propulsent l'apprentissage, cher à Nicolas Sarkozy, comme la solution miracle à l'échec scolaire. Malgré l'opposition d'une bonne partie du monde enseignant et des parents d'élèves, la loi Cherpion (le député UMP rapporteur du texte) «sur l'alternance et la sécurisation des parcours professionnels», votée le 28 juillet, entre ainsi en application.
Officiellement, il ne s'agit nullement d'un retour à une orientation précoce, envoyant dans des filières courtes et dévalorisées les mauvais élèves, généralement issus de milieux populaires. Selon le ministre de l'Education, ces mesures entrent en effet dans le cadre de la «personnalisation des parcours» - modestement désigné comme «la troisième révolution» éducative (après la massification et la démocratisation)…
Le raisonnement est le suivant : certains enfants ne sont pas doués ou pas intéressés par les études. Au lieu de les laisser s'ennuyer en classe, mieux vaut leur proposer des parcours «spécifiques», avec moins de cours et à la place des visites d'entreprise et des stages, voire un apprentissage avant l'âge limite de la scolarité obligatoire de 16 ans - jusqu'ici, on pouvait entrer en apprentissage à 15 ans, ma