Ils en ont soupé de ces remarques désobligeantes, qui inondent les forums d'orientation : «Un diplôme pour apprendre à balayer par terre ? Ha, ha, la bonne blague.» Alors, au Centre de formation des apprentis de Gennevilliers (Inhni) dans les Hauts-de-Seine, on apprend aux élèves à faire face au mépris auquel ils seront confrontés mille fois dans leur vie. «On leur répète qu'ils n'ont pas à rougir. Quand bien même il s'agit d'un CAP hygiène et propreté, c'est un diplôme. Et personne ne leur enlèvera», martèle Jacky Mongodin, le directeur de l'Inhni.
Moussa, 24 ans, les cheveux soigneusement peignés en arrière, est «très fier de suivre cette formation». Venu récemment du Sénégal où il a échoué au bac, il dit «que dans l'hygiène, au moins, il ne galérera pas à trouver du travail. Et puis notre domaine de compétences ne se résume pas simplement à faire le ménage. Moi, par exemple, j'aimerais travailler en milieu hospitalier où il faut pas mal de connaissances des produits pour respecter l'obligation de stérilité». Moussa vit mal d'être le seul enfant de la famille «à n'avoir aucun diplôme». Ce CAP c'est pour lui une belle façon «d'honorer ses parents».
Job. Pour Raphaëlle, 21 ans, le parcours n'est pas moins tourmenté. Au collège, cette jeune fille au regard mitraillette décida de tout arrêter «pour se mettre à travailler comme les grands». Au final, elle finit, après «d'interminables mois sans so