Le prévenu se tient à la barre, contrarié : son avocat n'est pas là. Le président du tribunal, lui, s'agace : «On a déjà renvoyé votre affaire la dernière fois, à la demande de votre conseil [avocat, ndlr]. On va le faire encore une fois, mais c'est la dernière ! Ça coûte de l'argent, tout ça !» Mercredi, 23e chambre correctionnelle de Paris, audiences des comparutions immédiates. Une justice rapide, «en temps réel». Bien des prévenus arrivent directement de garde à vue.
La Ligue des droits de l'homme (LDH) de Toulouse a monté un Observatoire des comparutions immédiates : pendant cinq mois en 2011, une cinquantaine de volontaires, de la LDH, d'Amnesty ou de l'association étudiante Genepi, ont assisté à 102 audiences toulousaines, soit 543 affaires. Des sociologues de l'université du Mirail ont élaboré un questionnaire et une grille de lecture pour dresser un panorama de cette justice. Leur constat, qui vient d'être publié (1), est sévère. A Toulouse, la durée moyenne d'audience est de trente-six minutes par affaire, 57% conduisent à de la prison ferme. «Trois fois plus», en proportion, que dans l'ensemble des dossiers délictuels. Selon les chercheurs, cette procédure concerne une population jeune, où les étrangers, SDF et précaires sont surreprésentés.
Casier. A la 23e chambre, c'est cette fois une jeune femme. Mme T. est accusée d'avoir volé un sac, puis acheté pour 1 127 euros dans un mag