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Libération

La prohibition de la cigarette, c’est pas gagné avec Hollande

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publié le 7 mai 2012 à 21h26

Interdire le tabac ? Que l'on se rassure : pour les cinq années à venir, François Hollande n'y songera pas. Il s'est certes déclaré, la semaine dernière, «pour un prélèvement sur le chiffre d'affaires de l'industrie du tabac», mais il n'est pas partisan de l'augmentation des taxes sur les cigarettes pour en réduire la consommation, et encore moins pour leur interdiction. Prohiber le tabac, c'est pourtant la thèse que défend, non sans justesse, Martine Perez, journaliste au Figaro, dans son livre Interdire le tabac : l'urgence (1).

Les chiffres, d'abord, sont sans appel : «Le tabac tue en France, chaque année, 60 000 personnes. Cela représente le crash d'un avion de ligne chaque jour. Quel pays moderne pourrait tolérer une telle hécatombe aérienne sans réagir ? 60 000 décès par an, cela fait 1,2 million de morts au bout de vingt ans. A chaque génération, le tabac nous inflige une saignée comparable à celle de la Première Guerre mondiale.»

Et ce n'est pas n'importe quelle hécatombe. «Il y a quelque chose d'indécent à voir certains faire du combat en faveur du tabac une lutte pour la liberté, écrit Martine Perez, car le tabagisme frappe essentiellement les populations les plus démunies.» Exemple : entre 2000 et 2003, le taux de fumeurs chez les cadres a nettement baissé, passant de 36 à 27%. Pour les ouvriers, ce taux a diminué bien plus tardivement : 45% en 2000, 37% en 2005, avant de remonter à 43% en 2008. «Le tabagism