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Le Mediator envoyé aux urgences judiciaires

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Le laboratoire Servier doit être jugé aujourd’hui pour «tromperie aggravée», à peine deux ans après le retrait du médicament anti-obésité.
Le procès du Mediator s'ouvre ce lundi à Nanterre. (Photo Fred Tanneau. AFP)
publié le 13 mai 2012 à 21h36
(mis à jour le 14 mai 2012 à 8h52)

Juger avant qu’il ne soit trop tard. Le procès du Mediator, qui s’ouvre ce matin à Nanterre (Hauts-de-Seine), est une première. Jamais un scandale sanitaire n’avait été jugé aussi rapidement, moins de deux ans après le retrait du produit. Le pire contre-exemple ayant été l’affaire de l’hormone de croissance contaminée, où les audiences avaient démarré plus de vingt ans après les faits, après dix ans d’instruction, avec des prévenus sourds et très âgés, le principal mourant juste après le premier procès.

A moins d’un accroc de procédure, le laboratoire Servier devrait donc être jugé, ainsi que cinq de ses cadres. Dont le fondateur, Jacques Servier, 90 ans, élevé en 2008 au rang de Grand-Croix de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy. Il devra expliquer à la barre pourquoi des patients qui avaient pris du Mediator pour perdre quelques kilos se retrouvent avec des graves ennuis cardiaques. Sans oublier les morts, 1 300 en trente ans, selon la dernière étude de l’Inserm, dont les travaux sont contestés par Servier.

Face au laboratoire, près de 300 victimes se sont constituées partie civile. C'est pour elles que les avocats François Honnorat et Charles Joseph-Oudin ont choisi de court-circuiter l'information judiciaire menée par trois juges parisiens (pour escroquerie, tromperie, homicides involontaires, etc.). «J'ai connu l'affaire du sang contaminé, puis celle de l'hormone de croissance. D'où la volonté de ne pas se perdre dans une procédure interminable», raconte M