Au moment où les flashs crépitent à Nanterre, un second procès Servier se tient ce matin, en toute discrétion, à Paris. Celui du Figaro, attaqué pour avoir publié le témoignage, devant les juges d'instruction, d'une visiteuse médicale du laboratoire expliquant que le Mediator était appelé «Merdiator» en interne. Servier réclame 20 000 euros au quotidien pour avoir publié un procès-verbal couvert par le secret de l'instruction.
Lorsque le scandale a éclaté, fin 2009, Servier a longtemps courbé l'échine. C'est terminé. Pour limiter les dégâts, le laboratoire a décidé de rendre coup pour coup. D'abord en multipliant les communiqués afin de clamer son innocence. Mais aussi les procédures contre les médias et les acteurs du dossier. Il a obtenu une première victoire, le 4 avril, en faisant condamner, pour «atteinte à la présomption d'innocence», l'essayiste Henri de Bodinat, pour un article publié sur Challenges.fr.
«C'est une stratégie d'intimidation visant à faire taire les critiques, que Servier a déjà employée avec succès dans les années 90 lors de l'affaire de l'Isoméride», dénonce Irène Frachon, la pneumologue qui a joué un rôle clé dans l'affaire du Mediator. Servier veut d'abord que la presse cesse d'évoquer les témoignages et documents à charge mis au jour par l'enquête judiciaire. En plus du procès de ce matin contre le Figaro, le laboratoire a déposé plainte contre six médias (Libération, le Figaro,