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Récit

Servier : les coupe-faim justifient-ils les moyens ?

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Dans une audition dont «Libération» a eu connaissance, le professeur Lucien Abenhaim dénonce des intimidations dans les années 90. Le patron du laboratoire dément.
publié le 17 mai 2012 à 21h46

Surveillance, cambriolage, menaces de mort… Rien ne destinait le professeur Lucien Abenhaim à se retrouver au cœur d'un mauvais polar. Ancien directeur général de la Santé (DGS), cet épidémiologiste français de renommée mondiale a joué un rôle-clé, au milieu des années 90, dans le retrait des fenfluramines (Pondéral et Isoméride), coupe-faim et vaches à lait de Servier. «C'est à partir de ce moment-là» que le «conflit avec le laboratoire» a commencé, a-t-il raconté le 25 janvier lors de son audition par les juges d'instruction qui enquêtent sur le Mediator, dont Libération a eu connaissance.

L'histoire est ancienne, mais fondamentale. Car le Mediator, vendu par Servier comme antidiabétique, est lui aussi une fenfluramine. Il provoque les mêmes effets secondaires et a été très utilisé comme coupe-faim. Les juges cherchent donc à comprendre pourquoi le Mediator n'a pas, lui aussi, été interdit en 1997. L'affaire a également été marquée par l'ampleur des pressions visant les opposants de Servier. Même si, comme l'a précisé Abenhaim, il n'y a «aucune preuve sur l'origine de ces actions».

«Ambiance de Paranoïa». L'histoire débute en 1991. L'équipe de pneumologie de l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), dirigée par le PSimonneau, découvre que les fenfluramines peuvent provoquer une maladie mortelle, l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). Ils alertent les autorités. La pneumologue Irène Frachon, qui fera