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TRIBUNE

Gays, gays, marions-les

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Tribunes 2012dossier
Maintenant, ce sera progéniture obligatoire pour tout le monde et fidélité. Plus d’excuse. Et puis le pavillon et le chien qui va avec.
(Dessin Alain Brillon)
publié le 21 mai 2012 à 19h06
(mis à jour le 22 mai 2012 à 12h54)

Depuis un moment, c'était : «Super, vous allez bientôt pouvoir vous marier.» Sans qu'on sache trop à quel dénominateur commun renvoyait ce «vous». Les journalistes ? Les bruns ? Les revenus de moins de 3 000 euros net ? Ah… les homos. OK. Réponse : «Euh non, Paul et moi on n'a aucun bien, vu que nos parents ne nous ont rien légué, on ne croit pas trop à l'éternité, et puis mon statut amoureux sur Facebook, c'est "c'est compliqué".» Mais ça les intéressait. Ils demandaient d'un air inquiet : «Tu ne veux pas d'enfants ?» Ben non, contrairement à toi, je ne me trouve pas passionnant au point de me reproduire.

Ils étaient déçus, on allait les laisser à leurs divorces, leurs frustrations, leurs névroses transmises de père en fille. Ils continueraient tout seuls à flipper de ne plus baiser après deux ans de conjugalité, à avoir envie d'étriper la terre entière sans se l'avouer. Pourtant, on n'était pas sûr que le mariage soit une valeur de gauche, surtout que, depuis quelque temps, les réseaux sociaux bruissaient de cette citation approximative de Deleuze : «Etre de gauche, c'est d'abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi ; être de droite c'est l'inverse.» Mais enfin, on n'a pas été trop surpris quand Obama et Hollande se sont déclarés en faveur du mariage gay. D'autant qu'ils étaient hétéros, ils devaient donc s'y connaître. Obama dit qu'il a consulté ses amis, sa famille, ses voisins sur la question. Nous aussi