Une pipe, une moule, un sucre d'orge. Avec comme légende : «A partir de 160 francs suisses.» Et où ça ? «Au salon Venusia.» Les murs genevois placardent ces jours-ci des visuels évidents, au symbolisme sommaire. Robe chasuble noire à large ceinture, haut en plissé rosé, blondeur sans façons, Madame Lisa, fondatrice et tenancière du lieu, fait défiler sur son iPad les publicités incriminées. Et cette procédurière allègre de se réjouir d'avoir fait mettre genou à terre aux autorités cantonales. Ces dernières peuvent bien autoriser la prostitution et admettre les bordels, elles préféreraient comme toutes les garantes des bonnes mœurs que les choses se passent plus discrètement.
Eden suisse. En France, Sarkozy a joué les Tartuffe reléguant les filles des rues aux marges des villes. Macérant dans sa culpabilité post-DSK, la gauche risque de faire aussi ridicule en criminalisant le client, gage donné au féminisme puritain. L'éditeur parisien de la dame n'en revient pas des tirs de barrage déclenchés par son témoignage. Intervenante demandée au pays de Calvin, la Franco-Suisse suit avec attention les guerres de positions politiques : «Hollande est très ami avec Jospin. Et comme la femme de ce dernier, Sylviane, est sur une ligne abolitionniste…» A Paris, les belles de nuit posent en victimes ou rasent les murs. A Genève, Isabelle, devenue Lisa, revendique une activité reconnue. La proxo se rhabille chef d'entreprise. Elle se flatte de diri