Il y a exactement trente et un ans, en mai 1981, j'écrivais une lettre ouverte à Alain Savary, tout juste nommé ministre de l'Education, que Libération publia un mois plus tard. J'avais écrit «les élections législatives vont être gagnées par la gauche» il a suffi de changer par «sont désormais gagnées…». Aujourd'hui, cette lettre me paraît toujours d'une actualité brûlante :
«Les élections législatives sont désormais gagnées par la gauche. Alors, que va-t-il se passer pour la rentrée 81-82 ? Syndicats, associations de parents d’élèves vont être reçus. Ils mettront en avant leurs revendications prioritaires… Alors, permets-moi, camarade ministre, moi, qui ne suis responsable que de moi-même et ne parle qu’en mon nom, de poser un problème qui me semble tout aussi prioritaire, tout aussi urgent : celui de tous ces jeunes qui aujourd’hui ne supportent absolument plus le système scolaire tel qu’il est et tel qu’il sera à la rentrée, même avec vingt-cinq élèves par classe ! Il faut prendre conscience de la profondeur et de la gravité du divorce qui existe entre certains jeunes et l’école. Je ne parle ici que du second degré où j’enseigne, mais des problèmes analogues se posent dans le primaire ou dans le technique dont d’autres que moi, plus qualifiés, parleront je l’espère. Je ne crois pas que le corps enseignant dans sa grande majorité (de gauche, bien sûr…) soit capable d’assurer demain ce qu’il n’a pas été capable d’assumer hier. Car ces jeunes so