Et s’il suffisait de penser pour écrire ? Si nous pouvions aligner les lettres sans bouger le moindre petit doigt, ni même aucune autre partie de notre corps ? Au diable les claviers, tablettes, crayons à encre ou stylos billes, tous ces outils qui s’interposent entre nos idées et leur transcription. Et si notre cerveau n’avait plus besoin d’intermédiaire, savait directement coucher ses mots sur la page blanche de l’ordinateur ? A l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine, ce petit miracle aux allures de science-fiction se produit régulièrement depuis quelques mois.
Hugo, 23 ans, en partie paralysé par une myopathie, est l’une des rares personnes ayant eu l’occasion d’écrire par la seule force de sa pensée. Allongé sur son lit, Hugo s’est laissé coiffer d’électrodes. Puis il a plongé son regard dans un alphabet et a vu la machine deviner, une à une, les lettres qu’il souhaitait sélectionner ! Hugo a expérimenté une de ces technologies futuristes capables de décrypter l’activité cérébrale, baptisées dans le jargon scientifique «interfaces cerveau-machine» (ICM).
Grâce ce type de système, le cerveau se retrouve en liaison directe avec, au choix, un clavier, un fauteuil roulant, un bras robotisé, et il prend la commande sans passer par l’action des nerfs périphériques et des muscles. Pour de nombreux tétraplégiques à travers le monde, paralysés à la suite d’une lésion de la moelle épinière, d’une sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot) ou d’un ac