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Interview

Déserts médicaux : «Ce n’est pas aux seuls jeunes docteurs d’assumer»

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publié le 30 mai 2012 à 22h16

Charline Boissy est une jeune médecin, interne en médecine générale. Elle préside l’Isnar-IMG, l’intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale. Elle réagit aux recommandations du Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) pour lutter contre les déserts médicaux.

Le Cnom a proposé, hier, de recommander aux jeunes médecins d’exercer cinq ans dans la région où ils ont obtenu leur diplôme. Une bonne idée ?

En rien. C’est la meilleure façon de nous détourner de la médecine. Nous sommes consternés. Le Conseil présente des propositions en contradiction avec ses missions. De plus, ces propositions ont été faites sans consulter les principaux concernés. Nous ne voyons pas pourquoi les jeunes assumeraient seuls les erreurs de gestion de l’offre de soin de leurs aînés !

Certes, mais pourquoi adopter une position aussi ferme ?

On choisit d’être médecin généraliste parce qu’on est attiré par la liberté d’exercice, par le libre choix du lieu de travail et de vie. A partir du moment où on perd cette liberté, l’attrait diminue.

Mais ce ne serait que pour une durée de cinq ans…

C’est un moment important de notre vie personnelle. Déjà, durant l’internat, on ne choisit pas le lieu d’exercice ; durant nos dix années d’études, on doit subir beaucoup de contraintes. Et, là, rebelote. L’idée de rester cinq ans dans la région, non. En plus, c’est mal poser le problème : il s’agit non pas de contraindre, mais de rendre attractif le métier et la région.

Comment faire, car on sait que les mesures incitatives ne suffisent pas ?

Ce n’est pas si sûr. Nous n’avons pas beaucoup de recul sur les mesures incitatives. Elles nécessitent du temps pour faire leur effet. Et le problème c’est qu’elles ne sont souvent pas appliquées. On a toujours peu de stages en médecine générale. Enfin, quand