C'était, il y a quelques semaines : une étude montrait qu'un test usuel de dépistage du cancer de la prostate se révélait non seulement inutile, mais potentiellement dangereux. La Haute Autorité de santé (HAS), peu après, a décidé de ne plus le recommander. Un cas unique ? Simple bavure ? Nullement, répondent avec force trois chercheurs dans un article paru, le 29 mai, dans la grande revue médicale internationale, The Bristish Medical Journal (1) : «Il y a aujourd'hui trop de patients qui sont surdosés, voire surtraités, ou encore surdiagnostiqués», écrivent-ils. Notant qu'aux Etats-Unis le coût de ces traitements inutiles correspond à l'équivalent de 1,60 milliard d'euros.
La force de cet article est de montrer que toutes ces pratiques abusives s'inscrivent dans la logique des progrès médicaux, qui veulent toujours en faire trop. Les auteurs pointent plusieurs facteurs. D'abord le screening, ces vastes programmes de prévention où l'on va tester toute une population pour voir si telle personne a des risques d'avoir telle maladie, sans pour autant qu'elle en ressente actuellement de symptômes. On va donc la détecter, puis sans savoir si la maladie se développera, on va la traiter. Sans un intérêt clinique clair.
Deuxième facteur de risques, la batterie des nouveaux tests de diagnostic qui sont souvent mal maîtrisés. Par leur intermédiaire, on va s’apercevoir de choses «anormales», de radios bizarres, d’analyses troublantes à qui on va donner un sens p