Après la Droite populaire, c'est au tour aujourd'hui de la Gauche populaire d'utiliser des concepts socio-anthropologiques qui pourraient s'avérer glissants. La Gauche populaire est un jeune collectif d'intellectuels, initié par le politologue Laurent Bouvet, qui explique la montée du vote pour le Front national dans la récente élection présidentielle non seulement par «l'économique et le social» mais encore, et c'est là sa trouvaille, par des «variables culturelles» telles que «la peur de l'immigration, des transformations du "mode de vie", de l'effacement des frontières nationales». Cette idée, défendue dans un texte issu du blog du collectif, tenu par Laurent Macaire (1), débouche sur une conclusion quelque peu alambiquée, faisant foi d'hypothèse politique, mais clairement centrée sur l'idée que «l'insécurité culturelle» doit être prise en compte par la gauche : « L'insécurité culturelle n'est pas un thème identitaire destiné à masquer la question sociale comme le ferait la Droite populaire, mais relève d'une question économique qui a une implication culturelle.»
Cette démarche témoigne de la banalisation et de la sous-estimation d'un certain type d'idées culturalistes qui traversent désormais une grande part du spectre politique. Elle se fonde en outre sur une utilisation assez malvenue de la notion de culture. En effet, grâce à une opération sémantique qui tient de la magie, la peur de l'immigration est