«Uniformité de propos, de comportement et de pensée» : une fois encore, le président du jury 2011 de l'ENA (Ecole nationale d'administration), qui fait chaque année un rapport à l'issue du concours, déplore le conformisme intellectuel de nos futures élites. Sans être aussi incisif que sa prédécesseure, Michèle Pappalardo, l'an dernier, le juriste Yves Gaudemet décrit des candidats coulés dans un moule, sans personnalité ni convictions affirmées. Son rapport, en ligne sur le site de l'ENA, prend un relief particulier à l'heure où François Hollande et ses camarades de la promotion Voltaire (1980) s'installent à des postes clés de l'Etat.
Malgré «de belles exceptions, écrit Yves Gaudemet, on doit relever une certaine uniformité de comportement, voire de pensée. Uniformité dans la présentation formelle des idées, mais aussi tendance à […] choisir le confort "apparent" des formules convenues reprises jusque dans le vocabulaire ; tendance aussi à tirer les questions posées vers la restitution de "fiches" préalablement établies et étudiées ; difficultés à porter un jugement motivé sur les réformes en cours.»
Yves Gaudemet regrette que, lors des épreuves, les candidats adoptent «systématiquement un plan artificiel, presque toujours binaire, plus descriptif que vecteur de démonstration et de réflexion, ceci aboutissant à une certaine uniformité de propos». Comme Michèle Pappalardo, le juriste impute en partie ce manque d'originalité à l'année de prép