A la vue de Gaston-Prince, elle essore à la hâte le balai-mop qu'elle frotte avec ardeur depuis de longues minutes sur le sol de l'immeuble. Et s'approche. «Comment vas-tu ? Tu sais que c'est Dieu qui t'a sauvé ?» Soutenu par une béquille, le jeune homme balbutie un «ça va» pudique. «Et Rodrigue, il dort encore ?» Gaston-Prince contrôle sa respiration pour ne pas pleurer une nouvelle fois. «Ne cassez rien, s'il vous plaît, vous garder parmi nous, ça nous suffit», glisse-t-elle, retournant à sa tâche.
Gaston-Prince est le passager du scooter heurté samedi après-midi par une voiture de la brigade anticriminalité (BAC) à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise). Son visage, tuméfié par les ecchymoses, témoigne de la violence du choc. Il n’avait pas de casque. Rodrigue, le conducteur du deux-roues, non plus. Hier, ce dernier était toujours dans le coma à la Pitié-Salpêtrière, à Paris.
«Pur mensonge». Comme d'habitude avec ce genre d'accidents, les versions se contredisent. L'institution policière a abondamment communiqué dans les premières heures, expliquant, par la voix du commissaire Eric Heip, «qu'à la vue des policiers les jeunes avaient fait demi-tour sur le trottoir. Ensuite, ils ont été perdus de vue avant de surgir entre deux voitures et de percuter le véhicule de la BAC à l'avant gauche». Yves Jannier, le procureur de Pontoise, a complété en affirmant «qu'il ne s'agissait en rien d'une course-poursuite».
«Un pu