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Libération
TRIBUNE

Il est temps de parler de la fin de vie

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par Régis Aubry
publié le 21 juin 2012 à 19h06

L’Observatoire national de la fin de vie (ONFV) a été créé en 2010 conformément aux préconisations de la mission d’évaluation de la loi Leonetti, mise en place suite au retentissement médiatique et politique de la fin de vie de Chantal Sébire. Cet observatoire a pour mission de produire des données fiables sur les conditions de la fin de vie en France.

Notre pays est aujourd’hui l’un des pays européens qui la médicalise le plus : il se distingue par une très forte proportion de décès à l’hôpital (environ 60%) depuis le début des années 80. Nous avons sans doute mal mesuré l’ampleur des conséquences induites par les formidables progrès accomplis ces cinquante dernières années dans le champ de la santé : très efficace pour freiner le développement de maladies qui, sinon, auraient conduit très vite à la mort, la médecine moderne a paradoxalement généré des situations d’une très grande complexité.

En tant que médecins, nous rencontrons des patients dans des situations cliniques que nous n’aurions jamais imaginées il y a dix ou quinze ans. Par certains aspects, la médecine en est venue à privilégier de manière parfois déraisonnable la recherche de la survie, au détriment de la qualité de vie. Au risque, bien souvent, d’une forme d’acharnement thérapeutique. Il ne s’agit pas de faire le procès de la médecine, et encore moins celui des médecins : la culture médicale n’est que le reflet grossissant de la façon dont notre société envisage la maladie, la vieillesse et la mort. Dans un c