On la chope au cœur de Londres avant de filer dans quelque pub anglais de sa connaissance : The Bull, dans un coin verdoyant de Highgate, où la dame a ses habitudes. Melissa Cole, 36 ans, grande blonde volubile comme de la mousse, prend ses aises au bar avant de passer commande de bières d'une belle voix puissante : du plutôt «léger» pour l'hôte, quelque chose d'un «peu plus bestial pour moi». Elle attaque les présentations sur un ton badin : «Melissa Cole, née dans le Buckinghamshire, à l'ouest de Londres, mariée avec Ben depuis quatorze ans, un comptable…»
Avant d'entrer dans le vif du sujet. Melissa Cole, que ses copains de comptoir se plaisent à baptiser «reine de la bière», fait partie du très petit cercle d'experts (une dizaine) britanniques qui écrit sur la bière.
Brumeuses ou fougueuses
Femme dans un monde d'hommes où l'on ne saurait confondre une lager avec une bitter et encore moins un stout, elle prête depuis des années sa plume décontractée aux quotidiens The Guardian ou The Independant, joue les savantes en cervoise sur la chaîne de télé gourmet, Market Kitchen, et vient de publier Tout sur la bière. Une fort jolie somme dans laquelle la chimie de la fermentation, qui voit le moût houblonné se muer en bière alcoolisée, cohabite avec la poésie de l'auteure. Sa soif pour les bières de froment «brumeuses comme un matin d'hiver ou limpides comme un après-midi de printemps» ; son goût fougueux pour les bitter.