Le zinc un peu craspouille du bar du Puits de la Marlière est l'endroit choisi par Tibault Baka pour dispenser son verbe agile. A Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), il est celui qui, sur un plateau télé durant la campagne, a «clashé» le président Sarkozy. Donc une sommité dans son quartier. A l'heure où la gauche est censée réinventer un rapport police-population apaisé, ses jeux de mots résonnent de manière salutaire : «Alors, il faut en finir avec la police sécuritaire et faire une police de sécurité, commence-t-il. Ensuite, ce serait bien que les agents se rappellent qu'ils sont gardiens de la paix avant d'être forces de l'ordre.»
Les mots ont un sens. Il l'explique dans son dernier livre, le Bon Lieu (1), autobiographie née de l'armageddon provoqué par la mort de Moushin et Lakamy, en novembre 2007, après une course-poursuite entre leur mini-moto et la police. Villiers-le-Bel avait alors sombré dans plusieurs nuits de «colère populaire», rappelle Tibault Baka. «2007 a fait comprendre aux habitants que la vie de deux enfants était moins importante que la parole d'un flic, s'emporte-t-il. Il a fallu cinq ans pour que l'on juge nécessaire que le chauffeur de la voiture s'explique devant un tribunal [le procès s'ouvre vendredi à Pontoise, ndlr] C'est comme si, pendant toutes ces années, le doute n'était pas permis. Ici, les gens ont pris ça comme une insulte.»
Entre-temps, le statu quo. La défiance, le mépris et l'hosti