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portrait

Aline Rigaud. Plainte perdue

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L’abrogation de la première loi sur le harcèlement sexuel a annulé la procédure intentée par cette prof contre un notable du Beaujolais.
publié le 10 juillet 2012 à 19h06

Elle se livre totalement. Sans réserve ni tabou. Dit tout jusqu'au plus intime. Pendant trois heures, elle parle, parle, parle. Aline Rigaud a été la victime de Gérard Ducray, l'homme par qui l'abrogation de la loi sur le harcèlement sexuel est arrivée. A deux reprises, il l'a convoquée dans son bureau, embrassé sur les joues, lui a caressé les mains et la cuisse. «Des atteintes légères», a souligné la justice, mais dont la «réitération» et le «cumul» sont «aggravants», et «constituent des transgressions graves, dont la victime ne pouvait que se sentir dégradée et humiliée.» Aline Rigaud travaillait alors à la mairie de Villefranche-sur-Saône (Rhône). Gérard Ducray était adjoint. Deux autres employées ont affirmé, devant les gendarmes, avoir été victimes de harcèlement sexuel de la part de cet homme. Seule Aline Rigaud a déposé plainte. Condamné, Gérard Ducray s'est pourvu en cassation et a demandé à la cour de saisir le Conseil constitutionnel d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). En jeu : la légalité de la loi. La suite est connue. Jugé inconstitutionnel, ce texte a été abrogé. Toute la procédure contre Ducray va être annulée et sa victime contrainte de lui rembourser les indemnités perçues (5 000 euros de dommages et intérêts et 1 000 euros de frais de justice). Un nouveau texte devrait voir le jour dans les mois à venir. Menant une action plus tripale qu'idéologique, Aline Rigaud ne sait pas encore comment el