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Libération
Interview

Trois questions pour un chantier

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Louis Vogel (CPU), Jean Chambaz (Paris-VI) et Christine Musselin (CNRS) font le bilan de l’ère Sarkozy et avancent leurs solutions financières.
publié le 10 juillet 2012 à 22h27

Louis Vogel, président de la Conférence des présidents d'université (CPU), Jean Chambaz, président de l'université Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI), et Christine Musselin, directrice de recherche au CNRS et directrice du Centre de sociologie des organisations (CNRS et Sciences-Po), ont répondu, séparément, aux questions de Libération sur les problèmes financiers des universités.

Comment en est-on arrivé là ?

Louis Vogel : Les présidents d'université seraient-ils de mauvais gestionnaires ? On ne peut pas dire cela. Car il y a d'abord des causes structurelles à la situation que nous connaissons aujourd'hui. De manière chronique, les universités françaises sont sous-financées par rapport à leurs homologues européennes. Certaines dépenses pourtant indispensables, comme la mise en sécurité des bâtiments, n'ont jamais été prévues au niveau nécessaire. Lorsque les universités sont devenues autonomes [progressivement depuis 2008, ndlr], l'Etat leur a transféré leur masse salariale. Mais, dès le départ, il y a eu un sous-financement. Le ministère de l'Enseignement supérieur a en effet voulu calculer au plus juste. Résultat, un certain nombre de dépenses n'ont jamais été programmées, comme la prise en compte de l'alourdissement de la masse salariale dû au vieillissement des personnels.

De plus, il faut des instruments pour gérer les salaires. Or, il n’y a pas de comptabilité analytique dans les universités. Des services ont été créés, mais il aurait aussi fallu recruter des contrôl