Récemment, une amie m’a invité à une fête à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Une journée festive avec plusieurs parents d’élèves du quartier (près de la mairie de Montreuil) dont les enfants fréquentent l’école Decroly à Saint-Mandé, (Val-de-Marne). Des gens accueillants et intéressants. D’aucuns les surnomment «bobos», terme - instrumentalisé par l’extrême droite - réducteur et que je n’apprécie guère. Mais, quoi qu’on en pense, cette expression est passée dans le langage courant comme geek, beur, black, prolo, beauf, caillera… Leurs gamins eux aussi très sympas. De la joie sous les lampions à l’extérieur du périph.
Pourtant, quelque chose m’empêchait d’être complètement au diapason de la soirée. Derrière les murs de cette jolie bâtisse, un tableau moins idyllique. Arrête de cracher dans le bon rosé, m’engueulai-je pour balayer ce sentiment de malaise. En vain. J’avais l’impression d’être dans la peau d’un de ces expatriés à l’étranger vivant en vase clos. Une réunion d’expats au cœur de la Seine-Saint-Denis.
Au fond, nous étions les acteurs d’un des échecs de notre époque. L’échec de la mixité sociale. N’en déplaise à quelques amis, ces parents d’élèves, sûrement électeurs de gauche, peut-être membres de Réseau Education sans frontières (RESF) refusent que leurs gosses fréquentent le collège public d’en face. Sauf que les bobos (aujourd’hui plus ou moins mon milieu), mieux organisés et bénéficiant d’un réseau, peuvent concrétiser plus facilement cette «(ex)filtration scolaire»