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grand angle

Guyane. Saint-Elie, bourg d’or et de rêves

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Cette commune perdue dans la forêt amazonienne était, il y a cinq ans encore, un haut lieu de l’orpaillage illégal, jusqu’à ce que l’armée chasse les clandestins. Des 500 habitants, il n’en reste que neuf. Mais son maire a de grands projets…
par Guillaume Aubertin, Envoyé spécial à Saint-Elie (Guyane)
publié le 11 juillet 2012 à 19h26

«Ah, c'est pas trop tôt. Si vous saviez comme j'suis content de vous voir !» Debout sous la pluie, les bottes noyées dans la boue, la clope dans une main, la tasse de café dans l'autre, le jeune rasta pousse un soupir de soulagement. Il fait partie de l'équipe de quatre ouvriers expédiés deux semaines par an à Saint-Elie pour «s'occuper des espaces verts», c'est-à-dire empêcher que la végétation amazonienne n'envahisse les cinq ruelles du bourg perdu dans la forêt guyanaise. Les vêtements souillés par la latérite, les regards fatigués, les gars sont «heureux» de voir arriver la pirogue qui va les ramener «dans la vraie vie», sur le littoral, à Cayenne. «Ça fait deux semaines que j'ai vu personne», lâche l'un d'eux, le visage caché derrière une paire de Ray-Ban trop clinquante pour être vraie.

Pour aller de Cayenne à Saint-Elie, il faut avaler une bonne centaine de kilomètres de nationale, puis hoqueter sur les 27 kilomètres de route qui mènent au barrage du Petit-Saut, interdite à la circulation sauf pour les détenteurs d’une autorisation préfectorale. Là, trouver une pirogue pour traverser le lac et atteindre, au bout d’une heure et demie de godille entre les arbres morts engloutis par le barrage, le débarcadère du PK6. Enfin, se taper en quad ou en 4 x 4 les 26 kilomètres de piste défoncée menant au bourg. Mais plus personne ou presque ne s’y aventure.Le bourg qui était, il y a cinq ans encore, un haut lieu de l’orpaillage illéga