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TRIBUNE

Pourquoi il faut commémorer le centenaire de 1914 - 1918

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par Bernard MARIS, Economiste, écrivain, conseiller scientifique de la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale
publié le 11 juillet 2012 à 19h07

A Reims, le président Hollande a évoqué le martyre de la ville pendant la Première Guerre mondiale, et la chancelière Merkel le pacifisme, à travers Aristide Briand et Wilhelm Foerster. 2014 sera le nouveau grand rendez-vous des Français et des Allemands, des Français avec le monde entier, et des Français avec eux-mêmes.

Pourquoi commémorer 1914 ? Pour la paix, l’amitié, mais beaucoup plus encore. D’abord pour comprendre notre société. En 1914, s’achève la première grande mondialisation commencée cent ans plus tôt. Jamais les échanges commerciaux et culturels n’ont été aussi denses. Paris accueille tous les artistes du monde et les artistes français voyagent partout en Europe, ces mêmes artistes qui, sans l’ombre d’un doute, s’engageront dans la guerre. Ravel fera des pieds et des mains pour être déclaré apte ; il finira par conduire un camion sur la Voie sacrée. Apollinaire, polonais, se bat pour s’engager. Au lendemain de l’assassinat de Jaurès, Guesde tombe dans les bras de Barrès, venu le premier saluer la dépouille de son vieil ennemi.

Pourquoi aucun intellectuel, aucun artiste ne se dérobera-t-il à la guerre ? Sont-ils partis avec les Français la fleur au fusil ? Non. Sauf quelques excités parisiens menés par les ligues, le départ est calme et grave. Etaient-ils revanchards ? Non pour la plupart, et plutôt pacifistes. Se préoccupaient-ils de l’Alsace-Lorraine ? Pas vraiment. Quelle était donc cette société qui, envahissant les gares le 2 août, s’apprête à disparaître, et