Ils sont français, ils sont en France. Ils ne sont donc pas menacés. Oui, on parle d’arrestations de juifs, mais il y a toujours des pessimistes. Pourtant, ça serait peut-être mieux si le père quittait Paris pour un moment. Il pourrait travailler comme couturier dans un village. La mère le rejoindrait pendant l’été avec leurs enfants, Annette (4 ans) et Bernard (10 ans).
Fanny et Arthur ont dû discuter ainsi de leur situation pendant l’hiver 1941. Un an auparavant, le régime de Vichy avait interdit un certain nombre de professions aux juifs. Philippe Pétain avait durci personnellement le projet de loi établissant le «statut des juifs».
Fanny et Arthur s'appelaient Gitla Frydman et Anszel Tobjasz, quand leurs parents avaient quitté la Pologne dans les années 20, pour fuir les pogroms antisémites. «Heureux comme un juif en France», c'est ce qu'on disait à l'époque.
Le couple s’est marié dans les années 30, ils ont adopté la citoyenneté française et des noms plus facilement prononçables. 11 rue Alexandre Dumas, 3e étage, c’est là qu'ils s’installent. Arthur travaille comme tailleur à façon, Fanny est couturière.
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Quelques rues plus loin habite aujourd’hui Agathe Berman, leur petite-fille. La quadra est productrice, elle est pleine d’énergie. Elle a produit un film sur les co