Menu
Libération
TRIBUNE

Il n’y a pas de mariage homosexuel, il y a un mariage pour tous

Article réservé aux abonnés
L’expression «mariage homosexuel» peut poser problème, et recèle sa part d’homophobie, plus ou moins consciente.
(Dessin Alain Brillon)
par Gilles WULLUS, Directeur de la rédaction de «Têtu»
publié le 18 juillet 2012 à 19h06

La promesse de François Hollande d'ouvrir le mariage aux couples de même sexe va ouvrir le plus grand débat autour des homosexuels en France depuis le pacs. Cependant, il conviendrait déjà d'appréhender son intitulé même. La presse a pris l'habitude de parler de «mariage gay» ou de «mariage homosexuel». Notons d'abord qu'en France, l'adjectif gay, qui s'est imposé parce qu'il véhicule une image moins sexualisée de l'homosexualité, a coutume de ne désigner que les homos masculins, quand aux Etats-Unis il s'applique aux deux genres. Mais le mot est concis, percutant. Même Têtu a succombé souvent à la facilité d'écrire mariage gay, bien que nous fassions maintenant l'effort de nous corriger. Parler de «mariage gay», c'est donc déjà ignorer la moitié des concerné(e)s. Les lesbiennes sont malheureusement accoutumées à être les oubliées de l'histoire, cumulardes qu'elles sont d'être à la fois femmes ET homosexuelles.

Mais l’expression «mariage homosexuel» pose aussi problème, et recèle sa part d’homophobie, plus ou moins consciente. Comment un mariage, que ce soit l’institution ou la cérémonie, peut-il être homosexuel ? Il suffit de prononcer l’expression «mariage hétérosexuel» pour le réaliser. Si on examine quels adjectifs peuvent qualifier un mariage, on remarque que jamais ils ne s’appliquent à l’identité des mariés. Un «mariage antillais» désignera une cérémonie de tradition antillaise, mais n’implique pas que les deux époux soient antillais ; tout comme l’union de Wi