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Libération
Interview

«L’abolitionnisme, une idéologie meurtrière»

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Morgane Merteuil, secrétaire générale du syndicat du travail sexuel (Strass).
publié le 19 juillet 2012 à 22h06

«L’abolitionnisme est une position moins féministe que paternaliste et n’a absolument aucun sens. C’est une idéologie meurtrière. Elle ne ferait que rendre l’exercice de la prostitution encore plus dangereux, en repoussant le travail loin des centres-ville. Or, il est hors de question que la sécurité des travailleuses du sexe soit subordonnée à l’ordre moral, régressif et répressif.

«Mercredi, nous avons été reçus par Najat Vallaud-Belkacem, à qui nous avons redemandé, comme le Parti socialiste le promet depuis des mois, l’abrogation du délit de racolage passif. Mais nous avons vite compris que la ministre nous proposait un chantage lamentable et hypocrite : l’abrogation du racolage passif contre la pénalisation du client ! Evidemment, nous ne céderons pas. Le racolage doit disparaître sans condition.

«Il est impensable qu’une ministre censée représenter les femmes persiste à vouloir les précariser à ce point. Et ce d’autant plus que nos arguments sont corroborés par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le Conseil national du sida (CNS), la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), des organismes dignes de confiance, qui recommandent la décriminalisation du travail sexuel.

«Ce métier, comme tout autre, se fait par nécessité. Chacun est soumis à des diktats économiques et sociaux et il faut bien vivre. Sinon, on passerait tous nos journées à nous prélasser au bord d’un lac. Pour justifier leur moralisme, les abolitionnistes avancent