Menu
Libération

Paris limite la casse et passe à la caisse

Article réservé aux abonnés
[Plan] . Comment contrer les cohortes de franchisés, réinstaller des librairies au Quartier latin et protéger les bouchers, les boulangers ?
publié le 22 juillet 2012 à 19h06

Philosophons une seconde : comment se fait-il que le commerce, qui a fait naître les villes il y a mille ans, soit aujourd’hui l’angle mort de l’urbanisme ? Bilan des trente dernières années : des entrées de villes massacrées par des hangars, des centres commerciaux banalisés, des rues piétonnes envahies par les mêmes enseignes de franchises et le commerce alimentaire de détail euthanasié par la grande distribution. Prise du politique sur tout cela : zéro. Tout juste les élus les plus volontaristes peuvent-ils corriger les excès à la marge.

La rue commerçante de centre-ville variée, vivante et si possible, un peu alimentaire, est une espèce fragile. A Paris, la municipalité est perpétuellement en lutte contre des tendances spontanées qui tuent à petit feu le tissu commercial : des grossistes en textile ou en maroquinerie rachètent toutes les boutiques de rues entières, les librairies du Quartier latin sont chassées au profit de la mode, les commerces alimentaires disparaissent faute de repreneurs.

Dans un premier temps, la capitale a d’abord voulu protéger les bouchers, boulangers, poissonniers, etc. Elle a inscrit dans son Plan local d’urbanisme une disposition interdisant, sur 20 kilomètres de trottoirs, qu’un fonds de commerce alimentaire soit cédé pour une autre activité. Mais halte-là, malheureux : atteinte au droit de propriété à valeur constitutionnelle ! Le dispositif fut attaqué en tribunal administratif et il fallut une décision du Conseil d’Etat, en 2004, pour obten