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Libération
Reportage

A Villebéon, de la rue aux champs

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Un habitant du village de Seine-et-Marne accueille depuis cinq mois des SDF sur sa propriété.
publié le 2 août 2012 à 19h36

Quelques caravanes en cercle, des chevaux et des poules qui gambadent dans les bois… Le village de sans-abri créé en février à Villebéon, dans le sud de la Seine-et-Marne, a des airs de communauté hippie. Pourtant, ici, alcool et autres substances hallucinogènes sont formellement bannis. C’est à peu près la seule règle, ostensiblement affichée sur le mur de la «cantine», à côté d’une énorme tête de sanglier empaillé.

«Je ne fais pas de compromis. Ici, c'est pour les mecs qui veulent s'en sortir, il n'est pas question de faire subir aux autres sa déchéance», annonce Brann du Senon, le propriétaire. Bandana vissé sur le crâne, treillis et bagues à tête de mort, on le croirait tout droit sorti d'un gang de Hell's Angels. Cet ancien de la rue, «né dans les poubelles», féru de moto et de culture celtique, a mis son terrain de deux hectares à disposition des SDF. Ni eau courante ni électricité. Toilettes sèches et mobilier de récupération occupent le décor, avec le chant des coqs et le ronflement du groupe électrogène en bruits de fond. «Deux tiers des sans-abri sont des citoyens lambda qui ont perdu leur job, et qui se trouvent du jour au lendemain en situation d'exclusion, assure ce costaud de 51 ans aux innombrables tatouages. Sans adresse, comment font-ils pour rebondir? C'est impossible.»

Potager. Le pari était audacieux. Les caravanes de récup, posées au milieu des champs, loin des centres urbains où dorment habituellement l