Sur les images de forêts dévorées pas les flammes, il est le petit point rouge et blanc, là-haut. L'insecte kamikaze qui vient se brûler les ailes au ras du brasier pour larguer l'eau qu'il a dans le ventre dans un souffle blanc salvateur et dérisoire. François Tauveron, 49 ans, est pilote bombardier d'eau pour la Sécurité civile. En clair, pilote de canadair. Sur Dash 8 surtout, un gros-porteur. Il est aussi délégué du Syndicat national des personnels navigants de l'aviation civile, majoritaire dans cette petite boutique de 88 pilotes, dont une seule femme. Le 1er juillet, ils ont arrêté les moteurs. Grève. Dans le métier, on n'avait pas levé le pied depuis 1998. Les raisons sont à peu près les même qu'à l'époque et qu'ailleurs : l'argent. Pas pour les salaires, mais pour les machines. Il manque selon le syndicat, 10 millions par an sur trois ans pour entretenir les 26 avions de la flotte (12 canadairs, 9 Tracker, 2 Dash 8 et 3 Beech 200, les connaisseurs sauront) basés à Marignane, dans les Bouches-du-Rhône. Faute de quoi, plusieurs engins risquent de devoir rester au sol. Difficulté exacerbée par quelques incompréhensions avec la nouvelle direction. Les hommes en combinaison orange, d'ordinaire bons petits soldats volants, se sont donc résolus à agir. Une semi-grève, en réalité, puisqu'ils restent prêts à décoller en cas de feu. Mais pas à partir en détachements préventifs en Corse ou à Carcassonne, comme c'est l'usage quand arrive la saison à risques.
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