Mardi, Manuel Valls est allé prendre un bain dans une marmite d’eau bouillante. Il a débarqué en plein après-midi au cœur des quartiers nord d’Amiens, au lendemain de la terrible flambée de violences nocturnes qui avait laissé derrière elle une école maternelle calcinée, une salle de sport en partie détruite et, partout, des flaques de bitumes noirâtres boursouflées à la place des carcasses de voitures et de poubelles brûlées. Il est arrivé dans ce décor blessé alors que la tension était encore à vif. L’annonce de sa visite dans la matinée n’a pas refroidi l’atmosphère. Quelques heures avant, sur la place où le ministre était attendu, au milieu des habitants attroupés, des jeunes, voire de très jeunes garçons, se rassemblaient en petits groupes, prenant à partie les journalistes présents ou les habitants qui acceptaient de répondre à des interviews. Certains se vantaient d’avoir participé aux violences de la nuit. Le ministre de l’Intérieur ne pouvait pas arriver à moment plus délicat. Il aura fallu quelques secondes de bousculades et d’insultes virulentes après sa sortie de voiture pour que son équipe s’en rende compte, annule la visite à pied dans le quartier et rapatrie le ministre dans l’annexe locale de la mairie sous escorte musclée de gendarmes mobiles. Manuel Valls a tenté de rester zen, évitant le moindre mot ou geste qui auraient pu rappeler la méthode Sarkozy en banlieue. Mais l’image est bien là, maladroite : celle d’un ministre de gauche perçu comme le complice
Reportage
A Amiens, Valls plus police que secours
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par Alice Géraud
publié le 15 août 2012 à 21h56
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